Présentation de l'exposition : HISTOIRE DE FEMMES-MÉMOIRE DU CORPS
Publié le 25 Juillet 2012
ai 1968. Je n’ai pas eu à me battre pour le droit à la contraception, à la liberté de choisir mes études, mon travail. Je n’ai pas eu besoin d’autorisation pour ouvrir un compte bancaire, pour acheter une voiture. J’ai pu garder mon nom. Je n’ai pas eu à lutter pour le droit de vote ni pour celui de l’IVG.
D’aGenèse du projet :
Au moment du projet j'avais 48 ans, j’avais 5 ans en mai 1968. Je n’ai pas eu à me battre pour le droit à la contraception, à la liberté de choisir mes études, mon travail. Je n’ai pas eu besoin d’autorisation pour ouvrir un compte bancaire, pour acheter une voiture. J’ai pu garder mon nom. Je n’ai pas eu à lutter pour le droit de vote ni pour celui de l’IVG.
D’autres femmes l’ont fait avant moi, pour nous toutes.
Mais ces changements, obtenus aussi grâce au soutien de certains hommes, n’ont pas eu le même impact auprès de toutes les mères des femmes de ma génération. Pour beaucoup, dans les milieux populaires, à la campagne, les choses avaient peu évolué.
Les autorisations d’échapper à des années de conditionnement social et familial sont parfois venues des pères, des hommes rencontrés, autant que de figures féminines auxquelles s’identifier.
Malgré ces libertés acquises, malgré toutes ces autorisations sociales, malgré mes études supérieures, mes années d’expériences professionnelles et personnelles, j’ai eu le sentiment, à plusieurs reprises, d’être opprimée en tant que femme, de devoir me battre au-delà même de la situation présente.
J’ai vécu récemment une expérience politique extrêmement violente, contraire à mes valeurs et aux motivations profondes de mon engagement.
J’ai dénoncé, tenté de faire bouger les choses de l’intérieur, puis démissionné. Il s’en est suivi une campagne publique de dénigrement y compris au sein de ma « famille » politique.
J’ai été accusée de trahison pour avoir dénoncé l’inacceptable. « J’aurais du avoir honte »
J’ai été bousculée par cette expérience au-delà même de ce contexte politique, avec le sentiment très présent que l’expérience intime et sociale des femmes « d’avant » avait conditionné ma vie.
Comme si mon corps gardait en lui des marques d’un passé qui ne m’appartenait pas, mais qui m’avait été transmis. Passé de violences subies, de peurs et de hontes incorporées.
Mais pour oser dire, témoigner il fallait un autre moteur. Ce fut alors celui de témoigner des dégâts intérieurs que font les violences faites aux femmes sur les générations qui suivent, dans un intime souillé et un corps qui peine à trouver du plaisir.
Celui de dire qu’au-delà des drames, il est légitime d’avoir des envies, des projets, de la joie à partager.
Comme un voyage à l’intérieur du corps de la femme, pour dépasser les drames et oser inscrire le plaisir de prendre sa place, toute sa place, dans la rencontre des autres femmes et hommes.